Quand le chat n'est pas là les souris dansent

Dimanche 31 octobre 2021

La belle Eden, c’était comme bien souvent levé tôt. Car en ce jour, le monde allait affluer. Elle le savait bien. Déjà que les Trois-Balais était un endroit fortement fréquenté dans la semaine, le week-end, c’était le pique d’affluence assuré. Sans compter que, comme c’était un 31 octobre, la jeune femme avait organisé une soirée spécial Halloween. L’après-midi, le bar serait donc normalement rempli, mais le soir … Ma foi, le soir, l’affluence serait à son comble. Et elle avait plutôt intérêt à assurer, puisque chaque année, la fête d’Halloween était très réussie. Il n’y avait donc pas intérêt que cette année elle se plante. Mais il y avait une différence entre cette année et les années précédentes et c’était la présence de Kristopher à ses côtés. Si en théorie c’était sensé vouloir dire qu’elle était sensé avoir moins de travail, puisqu’il devait l’aider – en même temps il était payé pour ça – ce n’était pourtant pas aussi sûr … En effet, il suffirait d’une dispute entre eux pour que tout parte en couilles. Elle le savait, il le savait. Et pourtant, vous pensez qu’ils arriveraient à se contrôler ? Même pas en rêve ! Ils étaient bien trop fiers tous les deux pour cela.



Mais pour l’heure, Eden avait astiqué le bar et elle avait ouvert pour l’après-midi. Elle n’avait cependant pas encore enfilé de déguisement, elle attendrait ce soir pour cela. Toute excitée à cette idée et à l’idée que demain son neveu et sa nièce rentrerait, elle était d’excellente humeur et d’humeur très taquine, également. Elle avait bien entendu emmené Maylis avec elle en bas, pour ne pas la laisser seule dans un univers magique qu’elle ne connaissait pas. Un univers magique qu’elle venait tout juste d’apprendre et qu’elle ne maitrisait pas encore par conséquent. Elle ne voulait pas trop la perturbée. Alors, positionnée derrière le bar, tout sourire, la demoiselle Willem-Sparks s’amusait à montrer à sa fille – ça lui faisait d’ailleurs tout bizarre de penser que c’était sa fille, vraiment – comment préparer certains cocktails. Je vous l’accorde, ce n’était peut-être pas la meilleure des idées mais en même temps, elle était mère depuis quoi … Un jour et demi ? Elle ne savait pas encore trop comment s’occuper d’elle. Surtout que sa fille n’avait pas dix jours ou dix mois, non, elle avait dix ans et avait eu une maman avant d’atterrir aux Trois-Balais. En bref, la situation était fortement compliquée.



Relevant soudain la tête en entendant une jeune femme glousser, Eden posa son regard sur Kristopher et une pimbêche. Ah tiens, c’était comme ça qu’il travaillait lui ? Il allait voir ce qu’il allait voir ! Jalouse ? Non, pas du tout ! Bon, un peu peut-être. Mais n’allez pas lui faire remarquer. De un, elle nierait, de deux elle serait super vexée. Eden, ou l’art de ne pas se vexer pour les bonnes choses, n’est-ce pas. Les insultes ne l’atteignaient pas, par contre, sous entendre qu’elle pouvait avoir un coup de cœur pour son beau serveur, ça … Allez chercher l’erreur ! S’excusant auprès de Maylis, la jeune femme slaloma entre les tables et arriva jusqu’à celle où Kristopher et sa dinde s’étaient installés. Se tenant près de lui, elle posa sa main sur son épaule et le regarda avec un grand sourire. « Mon amour, ça m’embête de te déranger mais il faudrait que tu ailles surveiller la petite si tu veux bien ♥ ». Lançant un regard profondément choqué, la jeune femme qui se tenait face à Kristopher et qui semblait vexée comme pas possible, se releva brutalement et quitta le bar d’un air complètement en pétard. Souriante et victorieuse, Eden se détacha de Kristopher et le regarda d’un air amusé. « Je vois que tu prends ton travail au sérieux … C’est bien de fidéliser la clientèle. Sinon … Puisqu’elle a fuit sans payer, ce sera retirer de ton salaire, hum ? ♥ ». Oh … La garce !

Quand le chat n'est pas là les souris dansent

Dimanche 31 octobre 2021

La belle Eden avait-elle des tendances à la cruauté ? Pas tant que ça finalement. Seulement, le jeu, c’était bien Kristopher qui l’avait lancé, le jour où il avait cru bon d’essayer de la mettre dans son lit. Ainsi, maintenant qu’il l’avait lancé, il ne lui restait plus qu’a en payer les conséquences. Eden était bel et bien une joueuse dans l’âme et elle aimait se jouer des autres. Mais quand en plus, le jouet était aussi séduisant que pouvait l’être son idiot de serveur bien aimé, il allait sans dire que le jeu en valait deux fois plus la chandelle. Eh oui, Eden était peut-être tutrice et mère, mais elle n’en restait pas moins une jeune femme totalement décalée et loin d’être insensible à un physique comme celui de Kristopher. Pourquoi alors ne pas avoir cédé à ses avances ? Mais c’était bien simple : elle n’était pas une fille facile à la disposition de ce monsieur, qui pouvait se satisfaire d’elle dès qu’il le voulait. Et pourtant, Dieu pouvait dire qu’il devait être frustré, puisqu’elle s’arrangeait presque toujours pour lui planter ses plans cul. Encore un peu et elle allait faire de lui un moine. C’était peut-être ça, son but finalement.

Très satisfaite de voir que la jeune femme était très en colère et qu’elle quittait les lieux, Eden n’hésita pas à défouler son sarcasme sur le pauvre Kristopher qui n’avait finalement rien demandé. L’espace d’un instant, elle se demanda s’il allait bouder. Oh oui, qu’il boude, il était tellement mignon quand il boudait. Un grand sourire sur les lèvres, Eden qui s’amusait beaucoup de la situation attendit une réaction du côté du beau jeune homme. Elle avait réussi. Elle savait qu’il était énervé. Même s’il ne le montrait pas forcément, elle savait comment il réagissait dans ce genre de cas. Et rien que ça, ça la faisait jubiler. Une garce ? Si peu. Il l’avait bien mérité après tout. Qu’elle idée de draguer juste devant son nez ? Certes, il ne lui appartenait pas et il avait bien le droit de faire ce qu’il voulait. Mais pas pendant ses heures de travail, non. Oui, la jeune femme était carrément de mauvaise foi et refusait d’avouer les véritables raisons pour lesquelles elle ne supportait pas de le voir avec une autre fille. Elle ne l’aimait pas bordel de merde. C’était n’importe quoi cette histoire d’amour de toute façon.

« Ça t'amuse n'est-ce pas ? ». Enormément, aurait-elle voulut lui répondre, sans pour autant en avoir le temps. Pourtant, son sourire amusé et satisfait voulait à peu près tout dire. Oui, ça l’amusait. Terriblement même. Elle n’était qu’une garce qui se plaisait à abuser de son pouvoir sur son pauvre employé. Mais en même temps, il ne faisait rien pour l’en empêcher. Il aurait pu hurler à l’abus de pouvoir. Il aurait pu lui ordonner d’arrêter son petit jeu. Il aurait même pu démissionner. Mais s’il n’en faisait rien c’était peut-être parce que lui aussi, se plaisait à ce petit jeu. « Tu sais si tu veux être à la place de toutes ses filles que tu fais fuir il suffit de le dire ». Et bien qu’il la laisse plantée là, elle ne le louperait pas à ce sujet. Lui emboitant le pas, elle resta silencieuse une petite minute, avec l’air de celle qui n’allait pas réagir. Et pourtant, une minute plus tard, elle finit par enfin planter ses yeux dans ceux du beau blond, un curieux sourire sur les lèvres. « Qui sait, peut-être que j’en ai réellement envie. Le seul problème, c’est que toi, tu n’as aucun moyen de le savoir ».

Quand le chat n'est pas là les souris dansent

Dimanche 31 octobre 2021

Peut-être bien qu’Eden exagérait finalement, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher non plus. Elle aimait avoir le dessus sur tout le monde, c’était un fait. Et surtout, Kristopher l’avait cherchée. C’était lui qui avait eu la merveilleuse idée de commencer à la draguer, en arrivant ici. Peut-être l’avait-il prit pour une fille qui céderait facilement à ses charmes. Et si effectivement elle aurait pu lui tomber dans les bras, le fait qu’il soit persuadé d’obtenir d’elle ce qu’il voulait avait suffi pour que la jeune demoiselle ne se ravise et ne le laisse dans son délire tout seul, l’idiot. Non, elle n’était pas du tout contradictoire. Au final, au lieu de céder à ses envies – qui, elle ne l’avouerait pas, lui dictaient de lui céder – elle n’écoutait que sa raison. Et maintenant qu’elle tentait d’établir une relation employé-employeur, elle était encore moins disposée à le laisser la faire tourner en bourrique. Pauvre Kristopher … Il n’était vraiment pas tombé sur la jeune femme la plus facile à vivre qu’il aurait pu choisir. On ne pouvait d’ailleurs que lui souhaiter bien du courage pour la supporter. S’il ne finissait pas par devenir fou, un peu comme elle, au final.

Très à l’aise dans ce jeu qui les unissait, la jeune femme n’hésitait plus désormais à répliquer à l’encontre de son employé. Ils étaient ainsi, tous les deux, c’était un fait oui. Mais surtout, elle était sûre que si vraiment ils laissaient tomber cette espèce de guerre qu’ils avaient instaurée, ils finiraient par s’ennuyer. Finalement, c’était peut-être mieux ainsi. Tant qu’il n’y avait qu’un jeu, ils ne s’engageaient à rien. Outre, Eden était également obligé de penser à son neveu, à sa nièce et maintenant à sa fille. Et surtout, elle avait une peur panique d’être encore abandonnée, d’être encore une fois seule et d’avoir encore le cœur brisé. C’était sans aucun doute pour cette raison qu’elle se comportait ainsi avec Kristopher. Tant qu’il ne s’approchait pas de trop près, il ne touchait pas à sa sensibilité, à sa fragilité. Si elle lui laissait passer le périmètre de ses défenses, ce serait tout autre chose. Car là, là … Il pourrait se jouer d’elle comme il voulait. Mais encore une fois, c’était quelque chose qu’elle refusait d’avouer. Pour les autres, elle devait se montrer forte et insoumise. Elle refusait de montrer une quelconque fragilité. « Par toi, peut-être, mais tes yeux ne mentent pas et ils me disent que tu es jalouse de toutes ses filles que tu vois défiler. Pourquoi les ferais-tu fuir sinon ? ». La belle Eden se mit à sourire. Pas d’un sourire joyeux non, mais d’un sourire terriblement malicieux. Elle avait une idée en tête et elle s’apprêtait à dire une connerie. C’était obligé. « Qui sait, peut-être bien que je suis jalouse en effet. Peut-être que je voudrais ces demoiselles pour moi toute seule. Tu n’es pas le seul à avoir des besoins ». Et quiconque connaissait son passé de débauchée pouvait comprendre que ce n’était qu’une demi blague. Seulement, je doute qu’elle ait déjà parlé à Kristopher de son passé, de ses conquêtes et tout ce qui s’en suit. « D’ailleurs, en parlant de ce qu’on peut lire dans les yeux … Tu sais ce que disent les tiens ? On peut y voir de la frustration. Il semblerait que tu sois en manque. C’est peut-être plutôt toi qui aurais besoin que je te cède, avant de finir par péter un plomb ? ».

Quand le chat n'est pas là les souris dansent

Dimanche 31 octobre 2021

Ah ça, le jour où Kristopher était entré dans les Trois-Balais en faisant du charme à la jeune femme, il ne s’attendait probablement pas à tomber sur une demoiselle au caractère pareil. Et il fallait bien le dire, Eden n’était pas facile à vivre. Petite, agressive, c’était une véritable petite teigne. Sans compter qu’on ne savait jamais à l’avance comment elle allait réagir. Elle se vexait pour des compliments, elle pleurait parfois sans trop savoir pourquoi et elle rigolait toute seule alors qu’il n’y avait absolument rien de drôle. C’était sans doute pour cela, qu’elle continuait ainsi à jouer avec son serveur. Car il fallait le dire, elle aimait beaucoup le jeu et celui-ci en valait la chandelle. Le pire dans toute cette histoire, c’était que si Kristopher c’était montré attentionné et charmant, au lieu de la draguer comme un bourrin, elle aurait pu lui céder. Seulement, il avait commis une malheureuse erreur et depuis il n’arrivait plus à se débarrasser de sa patronne, un peu trop agaçante par moments. A ça, Eden était super collante et quand elle se lançait dans quelque chose, elle avait du mal à comprendre que parfois, il y avait un moment où il fallait s’arrêter.

« Tu sais, Eden, si tu veux vraiment toutes ses filles on peut partager. Je ne suis pas jaloux et on pourrait même s'arranger pour tous en profiter si tu vois ce que je veux dire ». La jeune femme ne put s’empêcher de sourire. Bien que de tout façon, les filles ne l’intéressaient plus trop aujourd’hui. Elle avait aimé les femmes, c’était vrai, mais plus dans sa jeunesse. Car elle avait toujours été de celles à se dire qu’elle voulait finir sa vie mariée à un homme, avoir des enfants, une maison et un chien. Maintenant, elle avait l’enfant, le chien et un bar, il ne lui manquait plus que l’homme. Enfin, de là à dire qu’elle avait pris les femmes pour des jouets, il ne fallait pas non plus exagérer hein. Quoi qu’il en soit, son sourire amusé fut la seule réponse que Kristopher pu obtenir d’elle. C’était sa façon à elle de laisser planer le doute et de garder un petit côté mystérieux … De toute façon, un plan à trois n’était réellement pas envisageable. Elle était trop possessive, trop accaparante et en plus, quand elle s’y mettait, elle avait l’air d’une sauvage. Alors à deux, c’était largement suffisant !

« Tu crois vraiment que le fait de faire fuir une fille ou deux m'affecte tant que ça ? Tu te donnes trop d'importance là. Il y en a tant d'autres qui n'attendent que moi, ne t'inquiète pas pour ça. Peter un plomb, je suis beaucoup moins impulsif que toi, tu ne crois pas ? Ne serait-ce pas toi, qui espère tellement que je te cède que tu te mets à t'imaginer des choses ? ». Abattant là sa dernière carte, la demoiselle cligna des yeux à plusieurs reprises, avant de s’approcher soudainement du jeune homme. Elle avait beau mesurer un bon mètre soixante-quinze, elle restait toujours vraiment petite à côté de lui. Mais peu importait. Le fixant silencieusement quelques secondes, son sourire finit par s’élargir avant qu’elle ne reprenne la parole. « Oh, tu as raison. Je n’en peux plus, si tu savais comme je te veux, là tout de suite ». Malicieuse, elle se dressa sur la pointe des pieds pour s’approcher du jeune homme, comme si elle semblait sur le point de l’embrasser. Mais au dernier moment, elle détourna ses lèvres qu’elle déposa contre sa joue avant de reculer d’un pas, coupant toute forme de contact physique. « Allez pipelette, j’te paye pas à jacasser ».