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 [Manoir Jenkins] Regarde moi ! || Amaryllis

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Serpentard
Pandora H. Jenkins

Pandora H. Jenkins




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lumos maxima


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MessageSujet: [Manoir Jenkins] Regarde moi ! || Amaryllis   [Manoir Jenkins] Regarde moi ! || Amaryllis Icon_minitimeMer 22 Aoû - 3:42


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Regarde moi !

Jeudi 19 août 2021

Un silence de mort régnait dans la pièce, les deux femmes se toisaient en silence. La tension était à son comble, comme chaque fois que les deux femmes étaient dans la même pièce. Pandora et Amaryllis Jenkins. Si la mère et la fille ne se seraient pas autant ressemblé, il aurait été plus que difficile de voir un lien de famille entre elles deux. C'était … inexplicable. Comment leur relation avait-elle put devenir aussi tendu ? Ce n'était pas bien compliqué de répondre à cette question : beaucoup de malentendus, beaucoup de non-dits et de silences, tout cela mis bout à bout, qui avait finit par user chaque jour un peu plus les liens qui les unissaient. Pourtant, Pandora aimait sa mère et quelque part au fond d'elle, elle s'en voulait pour ça. Une partie d'elle haïssait sa mère mais une autre ne pouvait s'empêcher de l'aimer. Et elle se haïssait de l'aimer. C'était comme si deux personnes avaient élues domiciles en elles, deux personnalité très distinctes, incapable de s'accorder. Et si on y pensait, c'était un peu le cas. Il y avait Pandora l’éternelle enfant, qui cherchait seulement à attirer l'intention de sa mère. Et elle essayait par tout les moyens : les bonnes notes puis les mauvaises, les bêtises, les convocations chez la directrice, les heures de retenues, le Quidditch aussi. Mais il n'y avait rien à faire, sa mère ne la voyait pas, elle passait à côté d'elle comme si elle était transparente. Voilà toute la valeur qu'elle avait pour elle. Et de l'autre côté, il y avait Pandora, la nouvelle femme, du moins celle qui était presque une femme. Une jeune femme qui ne supportait plus la façon dont sa mère la traitait, une jeune femme qui avait envie de la gifler, de la secouer de toutes ses forces, d'envoyer au diable ses règles et ses bonnes manières. Oh oui, il y avait bien deux personnalité en elle, mais il était parfois difficile de savoir laquelle des deux emportait le combat, tant elle prenait garde à ne jamais rien montrer de ses sentiments.

Dans le silence du salon, elle observait sa mère sans même oser bouger. La sensation paraissait irréelle, comme si le temps ne passait plus, que quelqu'un avait fait un arrêt sur image. La mère était plongée dans un livre qui était visiblement suffisamment intéressant pour qu'elle ne constate même pas la présence de sa fille, la fille observait la mère avec un intérêt fin, le dos bien droit, les jambes croisées, les mains sur les cuisses, dans la posture d'enfant parfaite qu'on attendait d'elle. Conneries. Elle détestait ça. Elle détestait ce genre de situations. Elle détestait être une sang-pure, elle détestait devoir une fille parfaite. Elle détestait avoir une mère qui ne la regardait pas. Elle détestait avoir un père toujours absent. Elle aurait aimé hurler. Elle aurait aimé crier à sa mère, lui dire qu'elle était là, qu'elle l'aimait, qu'elle voulait juste qu'elle la regarde, qu'elle l'aime en retour. Mais elle n'en faisait rien, trop aveuglée par sa propre fierté. Qu'est-ce qu'elle aurait aimé pourtant avoir une conversation avec sa mère. Parler de la pluie ou du beau temps, parler fringues et maquillage. Certes, elle n'était pas très branchée mode, elle était bien plus à l'aise dans un jean et un débardeur, n'empêche qu'elle aurait put trouver n'importe quel sujet suffisamment intéressant pour en parler avec sa mère. N'importe quoi. Ce n'était quand même pas la lune qu'elle demandait ? Il fallait le croire, si. Et le pire, c'était que dans cette famille, tout cela paraissait normal. Car malgré les tensions ambiantes, aucune dispute n'éclatait jamais. Il fallait un début à tout, certes, et personne ne doutait que si les tensions continuaient à s'accumuler, il y aurait forcément un moment où la crise serait inévitable. Mais le fait était qu'il était rare que les parents et les enfants se retrouvent dans la même pièce en même temps et quand c'était le cas, il régnait un silence de mort dans ce manoir froid, sans âme et sans vie.

Elle tremblait presque de rage tant la frustration était intense.
Regarde moi, criait-elle en son fort intérieur.
Regarde moi.
Écoute moi.
Parle moi.
Je ne veux que toi.


Mais comme toujours, elle ne disait rien. Il aurait été bien plus facile pour elle de se jeter du haut de la tour d'astronomie que d'avouer qu'elle avait besoin de sa mère, qu'elle voulait qu'elle l'écoute, qu'elle voulait être aimée tout simplement. Qu'est ce que ça aurait bien put lui coûter, d'engager la conversation avec sa mère ? Rien, bien entendu, si ce n'est que sa fierté aurait été mise à rude épreuve. Ne tenant plus, elle s'agitait sur le fauteuil. Serait-ce suffisant pour attirer son attention ? Il semblait que non. Que devrait-elle faire pour qu'elle la regarde ? N'était-elle pas suffisamment jolie, pas suffisamment intelligente, pas suffisamment intelligente ou distinguée pour trouver grâce à ses yeux ? Pourtant, elle était sa fille. La chaire de sa chaire. Il paraîtrait, selon certains scientifiques, qu'a la naissance de l'enfant, le corps sécrète des hormones qui nous oblige à aimer notre enfant. Sa mère y avait-elle échappé ? Sa mère n'était-elle pas humaine, pour pouvoir l'ignorer ainsi ?

Regarde moi.
Je suis là.
Là devant toi.
Ne m'ignore pas.
Aime moi.
Je t'en supplie.


En son fort intérieur, elle fulminait de rage. Oui, elle avait la rage contre cette mère qui était capable de rester concentrer sur son livre sans la regarder. Elle bouillait et elle luttait pour retenir un flot d'injures contre sa génitrice.

Sans-coeur.
Vieille Sorcière.
Affreuse mégère.
Je t'aime.


Non, non, non ! Elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas. Comment l'aimer ? Comment l'envisager même ? Elle était humaine voilà tout. Et elle priait très fort pour qu'un jour, sa mère se rende compte qu'elle existait. Elle le voulait tout simplement. C'était plus fort qu'elle, ça lui prenait les tripes, ça lui brûlait les entrailles, ça l’étouffait presque. Aime moi. Bon Dieu, aime-moi. Pourtant, lorsqu'elle prit la parole, c'était d'une voix calme. Une voix douce, presque chantante. Comment la mère aurait-elle put imaginer le combat que menait sa fille à l'intérieur d'elle-même, alors qu'elle restait si calme ? Elle ne saurait jamais. Elle n’imaginerait jamais. Elle ne saurait jamais ce qu'elle avait loupé et quand elle se rendrait compte du désespoir dans lequel elle avait plongé sa fille, il serait trop tard.

« La rentrée approche, il faudrait peut-être songer a effectuer les achats des fournitures scolaires ♪ »

Tic
Tac
Tic
Tac
Tic
Tac


« Et je pense qu'il nous faudrait de nouveaux balais, à Dwayne et à moi, pour la nouvelle saison de Quidditch. Nous avons toutes nos chances cette année, nous avons appris de nos erreurs de l'an passé, mais autant nous en donner les moyens »

Tic
Tac
Tic
Tac
Tic
Tac
Toujours ce même silence, cette même frustration.
Toujours le son de cette horloge, seule réponse à ses questions.
Toujours ce désir extrême qui lui broyait les entrailles.
Toujours cette colère refoulée.
Jusqu'à ce que l'inévitable se produise …


« Regardez-moi mère ! REGARDEZ-MOI ! »

Sa voix haut perchée dans les aigus, signe qu'elle avait craqué.
Sa voix tremblante, signe qu'elle n'était pas rassurée.
Pourtant elle, elle ne voulait qu'être aimée

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Serpentard
Pandora H. Jenkins

Pandora H. Jenkins




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lumos maxima


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MessageSujet: Re: [Manoir Jenkins] Regarde moi ! || Amaryllis   [Manoir Jenkins] Regarde moi ! || Amaryllis Icon_minitimeLun 27 Aoû - 20:59


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Je suis là devant toi

Jeudi 19 août 2021

A l’intérieur d’elle, elle brûlait, elle bouillonnait littéralement. C’était plus fort qu’elle, elle n’arrivait même pas à se contrôler. Faire bonne figure était devenu bien trop difficile pour elle. Elle ne savait même plus quoi penser. Pourtant, il arrivait des jours où elle se demandait ce qu’elle avait bien put faire pour que cette mère qu’elle affectionnait tant au départ – avant de se mettre à la haïr – la délaisse à ce point. Peut-être n’avait-elle simplement pas été voulue. Oui, c’était à cette conclusion que la jeune femme était rapidement arrivée : ses parents n’avaient jamais voulu d’elle et c’était pour cette raison qu’ils se comportaient ainsi. Les choses n’avaient pourtant pas toujours étaient ainsi. Quand elle n’était encore qu’une enfant, Pandora vouait un culte à sa mère, c’était le cas de le dire. Et pour cause … Il faut dire que la grande dame était si souvent absente que les deux jumeaux s’étaient souvent amusés à jouer à un jeu : imaginer comment était leur mère. Ils l’imaginaient parfois aventurière, parfois guerrière, quoi qu’il en soit, ils imaginaient toujours qu’elle était une personnalité grandiose et ils n’auraient jamais remis ça en cause. Mais ils avaient grandis et leurs cœurs d’enfants s’étaient peu à peu effacés. Pour laisser place à des cœurs d’adolescents en rébellion. Et autant dire que ceux-là n’étaient pas tendres, bien au contraire. Pandora avait depuis bien longtemps cessé d’espérer que sa mère ne l’aime à sa juste valeur. Mais il y avait des jours, des jours comme aujourd’hui, où elle se demandait qu’elle était la raison de tout ceci. Qu’avait-elle fait à sa mère, pour qu’elle ait si honte d’elle, pour qu’elle l’aime si peu, pour qu’elle ne l’apprécie pas ? Elle lui ressemblait pourtant, elle était son portrait craché, avec une bonne vingtaine d’années de différences. Et même dans leurs manières bourgeoises, elles avaient des ressemblances. La ressemblance allait même jusqu’à certains de leurs traits de caractères. Alors comment la situation avait-elle put devenir ingérable au point qu’elles étaient deux étrangères qui vivaient dans la même maison, le temps d’un été ?

Mais qu’est-ce que j’ai bien put te faire pour mériter ça ?
Je t’aime moi, ne le comprends tu pas ?
Regarde, moi, moi qui suis comme toi.
Je ne te demande rien de plus que ça.


Elle n’aurait pas dut se mettre en colère, elle le savait, mais ça avait été plus fort qu’elle. Elle ne supportait pas l’idée que sa mère ne la regarde pas quand elle lui parle, pire encore, elle ne lui répondait même pas et ça avait le don de l’agacer en beauté. Elle ne lui demandait pas grand-chose au final, si ce n’est de lever sa tête pour la regarder. La regarder et la voir. Parce que s’il y avait bien une chose qui l’énervait encore plus que d’être ignorée, c’était quand sa mère posait les yeux sur elle, mais qu’elle semblait tant absorbée à des choses plus intéressantes qu’elle ne la voyait pas. C’était dans ces cas-là que Pandora faisait des bêtises plus grosses qu’elle. Elle cherchait juste à attirer l’attention, à se faire voir, à exister, à être importante. Oui, vous pouvez le dire, Pandora est quelque peu narcissique et égocentrique. Sauf qu’elle, ce n’est pas juste pour le plaisir d’avoir de l’attention, mais pour avoir un peu d’affection. Elle cherche désespérément ce qui pourrait toucher sa mère. Oh, elle ne doutait pas que si un jour elle rentrait à la maison, fiancée au ministre de la magie, parfait sang-pur et beau comme un Dieu, sa mère serait fière d’elle. Mais avouons-le, les chances étaient minces pour que ça arrive et en plus, ce n’était pas de la fierté que cherchait Pandora, c’était juste un peu d’attention.

Ainsi donc, c’était tous ce qui motivait ses actes.
De l’attention.
Juste un peu d’attention.
Et pourquoi pas de l’affection.


Ainsi, c’était la principale raison pour laquelle elle fut blessée par les propos de sa mère. Comment osait-elle, elle qui l’avait toujours reniée ? C’était carrément l’hôpital qui se foutait de la charité. Bon, c’était peut-être vrai, elle n’aurait pas dut lui parler sur ce ton, après tout elle était sa mère et elle était consciente d’avoir dépassé les bornes, elle ne doutait pas une seule seconde qu’elle n’aurait pas dut lui parler ainsi, mais c’était chose faite, elle ne pouvait plus revenir en arrière. Par contre, si elle était consciente qu’elle n’aurait pas dut se montrer aussi directe et agressive, elle ne regrettait en rien le contenu de ses paroles. Etait-ce mal de vouloir un peu d’attention de la part de sa mère ? Non, elle ne le pensait pas. Peut-être qu’un jour sa mère finirait par comprendre mais elle en doutait. Quoi qu’il en soit, elle était particulièrement vexée que sa mère pense qu’elle n’était là que pour lui extorquer de l’argent. De l’argent ? Elle en avait suffisamment, si vraiment il le fallait, elle pouvait toujours payer ses fournitures avec son argent de poche, si sa mère tenait tant à ces quelques malheureux gallions qui ne pesaient rien dans la fortune des Jenkins. Ce n’était pas de l’argent qui achèterait le manque d’affection parental dont elle souffrait de toute façon. Mais après tout ce qu’elle avait fait pour attirer l’attention de la Grande Dame, qui n’avait même pas daigné lever les yeux sur elle quand elle était entrée dans la pièce, elle était vexée qu’elle puisse simplement croire qu’elle n’en voulait qu’à son argent, qu’elle ne voulait pas qu’elle s’intéresse un peu à elle. Ce n’était pourtant pas compliqué de trouver un sujet de conversation. Elle aurait pu demander ce qui était au programme cette année, quels étaient les nouveaux livres ou bien mieux encore : parler Quidditch avec elle. Alors non, milles fois non, ces réponses ne lui convenaient pas. Elle en voulait plus. Elle voulait une conversation entre une mère et sa fille. Et certes elle avait depuis longtemps perdu l’espoir que ça n’arrive un jour, elle ne supportait pas la façon dont sa mère lui parlait. Elle pouvait disposer ? C’était la goutte d’eau en trop. Elle lui parlait comme elle parlait à ses domestiques. Elle la traitait comme … comme beaucoup de choses en fait, mais certainement pas comme sa fille. L’espace d’un instant, elle fut tentée de répliquer. Mais à quoi bon ? Elle savait déjà ce qui l’attendait si elle le faisait. Elle se ferait une nouvelle fois remonter les bretelles pour son insolence. Une fois de plus.

Mais comment est-ce qu’on a pu en arriver là ?
Comment sommes-nous devenues deux étrangères ?
Comment pouvons-nous nous haïr à ce point, nous qui sommes identiques ?
Sommes-nous punies pour nos erreurs ?
Mais pourquoi, bon Dieu, pourquoi ?


Vexée comme un pou, elle fronçait les sourcils, tandis que sa mère la dardait de son regard flamboyant et sévère, une lueur la mettant au défi de se montrer insolente une nouvelle fois dans les yeux. Comment pouvait-elle faire comprendre à cet être ce qu’elle désirait plus que tout au monde ? Comment pouvait-elle lui expliquer qu’en réalité, elle ne voulait qu’une chose, et c’était qu’elles soient réellement une mère et une fille. Elle c’était souvent plainte auprès de ses amies, sur la médiocre mère qu’elle avait, mais au fond, si elle faisait cela, c’était tout simplement par fierté, pour ne montrer à personne qu’elle était blessée du comportement de sa chère mère. Sa mère dont elle tenait le meilleur : ses cheveux blond, sa peau claire, son physique parfait, sa beauté, son regard, ce visage aux airs angéliques qui cachait un caractère bien trempé, sa fougue, sa passion, sa détermination … Oh oui, il n’y avait pas à dire, la jeune femme tenait de sa mère bien plus de choses qu’elle ne voulait bien l’avouer et quand on les croisaient dans la rue, les gens ne posaient jamais de question sur leur lien de parenté tant il était évident qu’elles étaient liées une à l’autre. Les croiser dans la rue ? Ca arrivait si rarement. Combien de fois avait-elle rêvé de pouvoir faire les boutiques avec sa mère ? Combien de fois avait-elle espéré que sa mère lui parlerait de son enfance ? Oh, bien sûre, elle savait des choses à son sujet, mais elle ne savait que ce que son oncle, Kristopher, avait bien voulut lui dire, ce qui lui avait donné encore une plus mauvaise image de sa mère puisque son oncle l’avait toujours présenté comme une créature froide avec qui il se disputait souvent. Mais elle ne doutait pas une seconde qu’il y avait forcément eu une part de bonté en sa mère. Après tout, ne dit-on pas que chacun à une part de bien et de mal en lui, mais que ce qui importe, c’est la partie qu’il décide de montrer ? Alors elle était sûre, sa mère avait un bon fond quelque part en elle. Et un jour, elle le prouverait. Elle la changerait. Elle ne trouverait jamais la paix, elle ne trouverait jamais le moyen de se détacher d’elle tant qu’elle n’arriverait pas à ses fins. Mais ça, ce n’était pas encore pour aujourd’hui, elle était bien trop en colère pour cela. Elle ouvrit la bouche un instant, semblant être sur le point de dire quelque chose, puis la referma. Secouant la tête d’un air dépité, elle finit par se relever, rejetant ses longs cheveux blond en arrière d’un geste théâtrale, presque trop pour être vrai.

Pourquoi me fais-tu aussi mal ?
Pourquoi ne comprends-tu pas ?
Pourquoi n’ouvres-tu pas les yeux ?
Pourquoi, maman, pourquoi ?


Elle aurait simplement put partir. Quitter la pièce et mettre un terme à cette conversation. Elle aurait passé le reste de la journée à bouder dans son coin, sa mère aurait été d’une humeur massacrante très certainement et puis finalement elle aurait eu son argent, elle aurait entrainé son frère sur le chemin de traverse et ils auraient fait les idiots comme d’habitude. Bien évidemment, ils auraient acheté les choses les plus couteuses, ils auraient acheté de nouvelles robes et de nouveaux balais et pour se venger, ils auraient acheté quelque chose pour leur plaisir personnel avec l’argent de leurs parents, bien qu’ils n’en aient nullement besoin. Et puis pour finir, ils se seraient arrangés pour faire quelque chose qui aurait rendu leur mère cinglée. Peut-être auraient-ils joué dans le jardin au Quidditch et auraient mis de la boue dans tout le manoir. Peut-être auraient-ils cassés un vase en cristal, ce qui aurait rendu leur mère folle de rage. Mais nous ne le saurons jamais car notre jeune adolescente rebelle en avait décidé autrement. Elle n’était pas satisfaite de la tournure que prenait les choses parce qu’elle n’avait plus dix ans, elle avait grandi et même si elle s’entêtait à rester une enfant, elle avait mûrit. Et une petite part d’elle-même ne pouvait s’empêcher de se rappeler que son père était mourant. Il allait les quitter et elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle n’aurait peut-être pas le temps d’arranger les choses avec lui avant qu’il ne les quitte définitivement. Mais avec sa mère, c’était différent. Il y avait encore de l’espoir pour elles, si elles acceptaient toutes les deux de faire des efforts, si elles y mettaient du leurs. Certes, ce serait compliqué. Construire des relations après dix-sept ans d’absence, sur des bases qui étaient tout sauf seines tant elles étaient basées sur la rancœur et la colère, mais ce serait possible. Si toutefois elles se décidaient toutes les deux.

« Vous ne comprenez donc pas. Vous n’avez rien compris. Vous n’avez jamais rien compris mère. Et vous êtes tellement obstinée qu’il est possible que vous ne compreniez jamais rien. Mais ce n’est pas de votre argent que nous voulons vous savez. Ça n’a jamais été de votre argent que nous avons voulu et nous n’en voudrons jamais. Si tel était le cas, nous aurions tout aussi bien put nous adresser à notre père. Mais nous ne l’avons pas fait. Je ne l’ai pas fait ».

Se tenant contre le cadre de la porte, elle s’interrompit, se demandant si oui ou non elle devait poursuivre maintenant qu’elle s’était lancée. Son cœur lui disait qu’elle devait tout déballer. Mais sa raison la rappelait à l’ordre. C’est ta mère, Pandora, disait-elle. Peut-être oui, c’était sa mère, mais à ses yeux, elle ne restait qu’une étrangère. Elle n’avait jamais été là pour elle, ce n’était pas elle qui lui avait changé ses couches, pas elle qui avait été là pour la bercer quand elle était malade à cause de sa première dent, pas elle qui avait été présente quand elle avait commencé à marcher. Ce n’était pas à elle qu’avait été destiné son premier mot, ce n’était pas elle qui avait été témoin de la manifestation de ses pouvoirs, pas elle non plus qui lui avait expliqué que c’était une sorcière. Ce n’était pas avec elle qu’elle avait partagé la joie d’ouvrir sa première lettre de Poudlard. Ce n’était pas avec elle qu’elle avait fait ses achats scolaires, pas avec elle qu’elle avait partagé ses bons résultats – ils étaient rares, mais ceux-là, elle les cachait à ses parents – et c’était encore moins avec elle qu’elle avait partagé sa joie d’entrer dans l’équipe de Quidditch. Cette femme n’était pas sa mère. Cette femme était une étrangère.

Mais ça ne valait pas le coup d’insister.
Ça ne valait pas la peine de lui faire entendre raison.
Non, cette étrangère était bien trop bornée.
Cette femme était bien trop sûre d’elle.
Jamais elle ne voudrait comprendre.


« Non, définitivement mère, vous n’avez jamais rien compris ».

Elle secouait la tête, l’air désolé. Elle rendait les armes à cet instant. Et certes, elle ne fuyait pas en courant, prête à subir les foudres de la colère de sa mère la tête haute, mais elle avait pris une décision : elle n’insisterait plus. Sa mère n’était pas encore prête à comprendre et tant qu’elle ne verrait chez sa mère un signe, une invitation, un petit quelque chose qui lui ferait comprendre qu’elle était prête à écouter, elle ne ferait plus aucun pas vers elle.

Il est trop tard pour nous.
Tout ça ne sert à rien.
J’ai espéré je vous le jure.
Mais vous ne me facilitez pas la tâche.

Je vous rends votre liberté.
Faites ce que bon peut vous sembler.
Je me retire ici, maintenant.
Et je vous obéirais bien docilement.

Je vous aime.
Peut-être qu’un jour vous le comprendrez.
Mais pour l’instant, vous n’y êtes pas disposé.


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Serpentard
Pandora H. Jenkins

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lumos maxima


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MessageSujet: Re: [Manoir Jenkins] Regarde moi ! || Amaryllis   [Manoir Jenkins] Regarde moi ! || Amaryllis Icon_minitimeJeu 30 Aoû - 22:16


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Ouvre les yeux !

Jeudi 19 août 2021

Elle n’aurait pas dut elle en était consciente, mais le jeu en valait la chandelle et ça lui avait fait un bien fou. Si sa mère voulait la flageller pour cette raison, qu’il puisse en être ainsi, elle assumerait parfaitement les conséquences de ses actes et pour une fois, elle ne chercherait pas une raison de fuir la Grande Dame. Fuir ne lui servirait plus à rien de toute façon, tôt ou tard elle finirait par payer cet affront et elle préférait régler cela tout de suite, comme une adulte – ou presque – plutôt que d’user d’autres stratagèmes qui lui retomberaient dessus plus tard, de quelque manière qu’elle soit. Ce n’était pas le moment d’essayer de piéger sa mère. Ce n’était même pas le moment d’essayer de faire de l’humour. Elle était fatiguée par tout cela, elle en avait plus qu’assez de devoir sans arrêt trouver un moyen de s’en sortir. On ne dirait pas comme ça, mais ça lui demander de faire tourner son cerveau pour trouver comment fuir les situations déplaisantes. Là, c’était différent. Elle n’avait plus envie de fuir. Qu’importe ce que sa mère pourrait lui dire, ça ne changerait en rien ce qu’elle pensait en cet instant, à savoir qu’elle était terriblement déçue par sa mère et par ce qu’elle était.

Vas-y, punis moi, si c’est ce que tu désires.
Flagelle-moi, cris-moi.
Fait moi souffrir, si c’est que tu désires.
Rien ne peut être pire, que ce manque de toi que tu as glissé en moi.


L’épaule se reposant contre le cadre de la porte, elle attendait son sort, sachant bien que l’heure de la vengeance de sa chère mère tant détestée allait venir. Il ne fallait pas se fier aux apparences parfaites de cette famille, car en réalité, quand on grattait un peu la couche de perfection, on apercevait bien toute les défaillances qu’avait cette famille. Un père absent, une mère tout sauf aimante, des enfants en pleine rébellion. Oh oui, cette famille était loin d’être parfaite et bien souvent, Pandora aurait souhaité être née ailleurs, avec d’autres parents. Mais ils restaient sa famille et même si elle leur en voulait beaucoup, pour elle, la famille c’était quelque chose d’important, quelque chose à laquelle on ne touchait pas. Et elle ne laisserait jamais personne faire voler ça en éclat. Elle avait beau être en colère contre sa mère, elle la défendrait bec et oncle contre vents et tempêtes. C’était bien une de ses rares qualités – du moins parmi les qualités qu’elle laissait voir, tant elle usait de ses talents pour cacher sa véritable nature. Et comme d’habitude, si on le lui demandait, elle expliciterait combien elle détestait sa mère.

Sa mère qui la reniait.
Sa mère qui la repoussait.
Sa mère qui l’exaspérait.
Sa mère que malgré tout elle aimait.


Pandora ne connaissait pas bien sa mère, c’était un fait qu’elle n’aurait jamais pu contredire. D’abord, ça avait été parce que sa mère n’était pas suffisamment présente dans sa vie pour qu’elle s’y intéresse. Par la suite, c’était juste qu’elle n’avait plus voulus s’y intéresser. Si la Dame Jenkins ne lui accordait pas d’attention, pourquoi lui aurait-elle fait le plaisir de lui en offrir en retour ? Elle n’en valait pas la peine. Ca ne valait tout bonnement pas le coup. Mais même si elle ne savait pas grand-chose sur elle, elle en savait suffisamment pour savoir que son pincement de lèvres ne disait rien qui vaille. Elle allait passer un sale quart d’heure, ça allait chauffer pour son matricule. Et à peine sa mère prit elle la parole qu’elle retint son souffle, attendant l’inévitable, la gifle ou les réprimandassions, qu’importe, elle savait que l’un ou l’autre viendrait.

Mais elle se trompait. Si la voix de sa mère était glaciale, acide et tranchante, elle était pour le moins calme. Le ton ne montait pas, aucun mot ne volait plus aux que les autres. Pandora ne savait pas si elle devait être rassurée ou si au contraire elle devait prendre encore d’avantage peur. Cependant, elle savait bien que la question de sa mère n’en était pas réellement une, elle savait aussi qu’elle n’avait pas d’autre choix que de lui obéir. Alors, sans un mot, sans un regard, la tête baissée, elle s’avança à nouveau dans l’immense salon avec ses murs recouverts de livres et de tableaux, pour s’assoir dans le fauteuil qui faisait face à celui de la Reine Mère. Gardant toujours le silence, elle l’analysa de ses grands yeux bleus, cherchant une trace sur le visage de la sorcière qui pourrait l’aider à se préparer à ce qui allait se passer. C’était surtout ça, au final, qui était insoutenable. Avec sa mère, il était toujours difficile de savoir ce qui allait bien pouvoir se passer. La jeune femme attendit donc qu’elle reprenne la parole, trop intimidée pour cette fois pour lui tenir tête.

J'imagine qu'il te serait difficile de te faire pardonner tes affronts...
Soit, je ne te demanderai pas d'excuses, puisque ton bon vouloir s'obstine à vouloir m'atterrer de tous les reproches sans l'ombre d'une remise en question.
Mais alors, ma fille...
Si tu es si sûre que je ne comprenne pas, pourquoi ne pas prendre le temps de m'expliquer ce qui te passe par l'esprit ?
Je ne puis conclure que de ce qui m'est donné de voir.
Or, je n'ai vu aujourd'hui qu'une demoiselle en demande matérielle, sauf mon respect, que je te voue quoi que tu puisses en dire.


Pandora écarquilla les yeux, totalement prise au dépourvu. Alors là, oui, elle tombait de haut. Elle qui s’attendait à se prendre la raclée du siècle, sa mère l’incitait à venir converser avec elle. C’était … totalement surprenant, si bien que l’espace de quelques secondes, elle se demanda si elle ne s’était pas trompée sur la Reine Mère, avant de se reprendre et de se dire qu’une bonne action ne suffirait jamais à faire oublier un passé tout entier d’erreurs grossières. Quoi qu’il en soit, elle ne savait même pas par où commencer dans toute cette histoire. Tout d’abord, elle était vexée que sa mère insiste encore une fois sur le fait qu’elle n’était venue qu’en quête d’un besoin matériel. Mais elle tenait là l’occasion la plus magnifique qu’elle aurait pu un jour espérer d’avoir une véritable conversation avec sa mère, de lui expliquer le fond de sa pensée, sans pour autant l’agressée. Et elle savait d’avance que cette occasion ne se représenterait pas de sitôt. Alors elle devait la saisir, certes, mais elle ne devait pas se précipiter dans la gueule du loup non plus, elle devait la jouer tout en finesse, passer la pommade avant d’entrer en terrain hostile, de telle sorte à ne pas froissée la Reine Mère qui risquerait fort de se refermer comme huitre à la moindre brusquerie de sa progéniture. Hésitante, elle tripotait un pan de son t-shirt, mal à l’aise soudain, consciente qu’elle ne s’attendait pas du tout à ce que sa mère lui offre la possibilité de s’excuser. Elle avait pourtant imaginé cette conversation milles fois dans sa tête, mais maintenant qu’elle y était, elle ne réussissait plus à trouver les mots justes. Pourtant il le fallait. Alors, elle prit une grande respiration, afin de se donner du courage.

« Bien, si vous le désirez ♪ ».

Son ton était tout ce qu’il y avait de plus poli, pourtant si on s’y attardait, on pouvait nettement comprendre ce que ces cinq petits mots voulaient dire : c’est vous qui avez demandé ces explications, ne venez pas vous plaindre si ce que je m’apprête à vous dire ne vous plait pas. Elle allait faire des efforts, cela va sans dire, pour ne pas brusquer sa mère, mais elle aurait beau utiliser tous les mots les plus polis du monde, sourire et être charmante, ce qu’elle s’apprêtait à dire n’allait pas être facile à entendre. Et qu’importe la façon dont elle l’annoncerait, il n’y aurait que deux issues possibles : soit sa mère allait ouvrir les yeux, soit elle allait totalement se brusquer et s’en serait définitivement finis de leur relation mère fille déjà quasiment inexistante.

« Quand j’étais enfant, je vous admirez. Vous n’étiez presque jamais là, alors vous représentiez un peu une sorte de mythe pour nous, le mythe de la maman parfaite. Vous étiez belle, grande et vous aviez beaucoup de charisme. C’est toujours le cas d’ailleurs et je rêvais de pouvoir un jour vous ressembler ».

C’était une belle déclaration, mais prononcée sur un ton chargé d’amertume. Oui, un jour elle avait voulu ressembler à sa mère. Aujourd’hui, physiquement parlant, elle lui ressemblait beaucoup, mais elles n’avaient presque aucun point commun. Des traits de caractères, si, bien entendu, mais elles ne partageaient rien. Pourtant, Pandora se souvenait encore, une fois, quand elle n’était encore qu’une petite fille et que ses parents n’étaient pas à la maison, elle s’était glissée dans la chambre parentale et s’était ruée sur la boîte à bijou de sa mère. Elle avait enfilé l’un de ses colliers et avait espéré un jour être aussi jolie que sa maman. C’est à ce moment-là que la gouvernante était entrée dans la chambre, alors qu’elle la cherchait partout, pour lui dire qu’elle n’avait pas le droit d’être ici. Oh oui, elle se souvenait de ce jour-là comme si c’était hier …

J’ai toujours voulu être toi.
Je voulais que tu sois près de moi.
Alors aujourd’hui ne m’abandonne pas.

« Quand on était enfants, Dwayne et moi, on imaginait que vous et père, vous étiez des sortes de super-héros, des aventuriers et que vous sauviez le monde. On imaginait que c’était pour ça que vous n’étiez pas souvent à la maison. Mais en fait … on pensait cela uniquement pour ne pas avoir à parler de notre déception. Votre absence a toujours été un sujet tabou entre nous. Parce qu’on s’est toujours demandé pourquoi vous n’avez jamais voulu de nous, pourquoi vous ne nous aimiez pas ».

Elle savait que ces mots ne seraient pas forcément bien accueillis.
Mais elle avait besoin de le dire.
Enfin, elle mettait des mots, des phrases sur ce sentiment de frustration qui la hantait.
Et même si cette discussion ne menait à rien, un poids s’enlevait de ses épaules.

Elle ne cherchait pas à lui faire du mal.
Elle voulait juste qu’elle comprenne.
Elle espérait qu’enfin elle ouvrirait les yeux.
Une bonne fois pour toute.

Et elle ne tarderait pas à enfoncer encore le couteau dans la plaie …


« Vous savez, mère, l’argent ne fait pas le bonheur. Personne n’a encore put acheter de l’affection avec des gallions ».

C’était dit.
Enfin.
Elle l’avait dit.

Ne m’en voulez pas, mère.
Vous m’avez demandé de vous faire comprendre.
Je ne fais qu’être sincère.

Je vous aime.
Je vous ai toujours aimé.
Et ce même si je vous hais.

Par pitié, il faut que vous compreniez …


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Serpentard
Pandora H. Jenkins

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lumos maxima


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C'est inutile

Jeudi 19 août 2021

Elle était un peu perdue dans ses pensées, elle n’arrivait pas à connecter toutes ses pensées pour les assemblées les unes aux autres, si bien que ce qu’elle ressentait pour l’heure était un mélange confus de différentes émotions qu’elle n’arrivait pas à interpréter. Sa mère était … elle n’aurait même plus sut dire quoi exactement. Elle était totalement prise au dépourvu. Pandora n’aurait jamais pensé qu’un jour elle viendrait à avoir une conversation avec sa mère, elle ne l’imaginait pas même une seule seconde, bien qu’elle se soit souvent exercé devant son miroir au cas où ce jour viendrait. Oh oui, elle s’était souvent imaginé avoir ce genre de conversation avec la Dame Jenkins, mais le fait que celle-ci l’invite à s’exprimer sur le sujet la surprenait totalement et lui faisait perdre ses moyens. Elle avait tant bien que mal tenté d’enchainer quelques phrases pour mettre ses sentiments à nu devant sa chère mère, mais elle n’arrivait pas à clairement exprimer ce qu’elle ressentait. Et en même temps le pouvait-elle vraiment ? Pouvait-elle expliquer à sa chère et tendre maman, combien elle la détestait d’une part ? Pouvait-elle lui exprimer combien une autre part l’aimait et qu’elle se détestait de ressentir ce genre de sentiments pour elle ? Oui peut-être. Sans doute. Si Amaryllis était d’humeur à écouter, peut-être Pandora aurait-elle pu lui exprimer ces divers sentiments qui l’envahissaient chaque fois qu’elle voyait sa mère. C’était un peu comme un électrochoc à chaque fois qu’elle la croisait. L’envie de lui hurler dessus et celle de lui sauter au cou en même temps. Elle aurait pu lui dire ça, si Amaryllis était prête à l’entendre. Et puisque c’était elle qui l’avait invitée à parler, elle était sans doute prête. Mais Pandora ne l’était pas. Elle n’avait pas confiance en sa mère, pas suffisamment en tout cas pour lui dévoiler des détails aussi intime sur ce qu’elle ressentait. Elle avait trop peur que la Reine Mère se serve de ses déclarations contre elle, pour la prendre par les sentiments ou pour lui faire du mal. C’est dire l’estime qu’elle a de sa mère, la petite …

Elle observe en silence. Elle sait que ce qu’elle vient de dire n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde et elle sait aussi que tout ou tard sa mère finira par réagir. Ce n’était absolument pas son genre de laisser dire comme cela. C’était déjà étonnant qu’elle ne s’était pas levée pour infliger une belle gifle à sa fille qui osait lui tenir tête à ce point. Pourtant Pandora le savait, elle avait contrarié sa mère. Elle le voyait dans la façon que la Grande Dame avait de se tenir, de pincer les lèvres. La lueur de ses yeux la trahissait. Elle dégageait presque quelque chose d’inquiétant. Non pas que sa mère lui faisait peur – bien que des fois il y avait de quoi – mais c’était tout comme. Elle avait une présence, un caractère, qui faisait qu’il fallait être quasiment suicidaire pour vouloir lui tenir tête. En même temps, n’est pas Jenkins qui veut, car tout le monde sait que chacun des membres de cette famille à un caractère qui n’est pas forcément facile à vivre. C’est une chose bien connue. D’ailleurs la fille ressemble beaucoup à la mère sur ce point-là, quoi qu’elle en dise.

C’est peut-être ça, qui nous sépare
Peut-être qu’à trop se ressembler
Nous ne sommes même plus capables de nous affronter

Mais l’ignorance serait la pire des souffrances que tu pourrais m’infliger
C’est la pire souffrance que tu m’inflige déjà
Alors cesse, je t’en conjure, arrête de me faire ça


Elle attend la colère, mais elle ne vient pas. Sa mère réagit d’une manière bien plus brutale à ses yeux. Elle continue à l’ignorer. Et ça lui fait l’effet de s’être faite assommée. Elle bouillonne de rage en fait, et si elle n’avait pas un peu de présence d’esprit, elle sauterait à la gorge de sa mère, elle la secourait de toutes ses forces, elle essayerait de lui faire mal. Mais elle n’est pas folle, ce n’est pas un animal non plus et elle ne perd pas de vue qu’elle est une fille de bonne famille. Elle ne tient surtout pas à ce qu’une telle histoire remonte aux oreilles de son père parce qu’il serait déçu de son comportement et curieusement, Pandora a toujours mis un point d’honneur à ne surtout pas décevoir son père. Enfin … C’est bien entendu une résolution qu’elle a pris récemment, depuis qu’elle est au courant pour sa maladie. Mais si elle l’a souvent mis en colère pour ses bêtises, elle ne l’a encore jamais réellement déçu. Or Pandora se soucis beaucoup de l’avis que peut avoir son père sur elle. Elle aimerait beaucoup qu’il quitte ce monde avec une bonne image d’elle. Elle serait sans doute malheureuse de décevoir quelqu’un si proche des portes de la mort. Elle s’en voudrait toute sa vie de lui infliger ça.

Mais aujourd’hui, c’était sa mère qui comptait. Elle qui était là en face d’elle, qui était censé l’écouter mais qui la mettait dans une telle colère … Oui, Pandora était très en colère contre cette mère qui ne faisait aucun effort. Elle ne lui demandait pas la lune, un peu de gentillesse l’aurait-elle tué ? Un peu de compassion, un brin de tendresse peut-être ? En fait, on en revenait toujours au même stade : le manque d’intérêt total que la mère avait pour ses enfants. Si bien qu’un simple mot gentil lui aurait fait du mal. Or c’était tout ce qu’elle demandait : un peu d’amour. Mais elle ne l’aurait pas. Elle le savait, elle ne se berçait pas d’illusions. Si elle avait l’espoir de renouer un jour les liens avec son père, elle doutait que cela puisse être possible avec sa mère. Tant qu’Amaryllis Jenkins serait elle-même, elle le doutait. Si un jour, elle venait à changer, à ouvrir ses bras et à ouvrir son cœur, peut-être. Mais pour l’instant ce n’était pas possible. Si bien que Pandora attendait avec nervosité une réponse de son ainée, qu’elle le savait déjà, ne lui plairait pas. Elle le savait, parce qu’elle avait vu ce sourire sur les lèvres de sa mère. Elle ne souriait pas souvent ou du moins elle n’avait pas eu l’occasion de voir un sourire bien souvent sur son visage. Et même si elle essayait de ne pas se mettre en colère et de ne pas réagir avec violence, elle était très en colère parce qu’elle venait de comprendre une chose : sa mère se moquait d’elle. Oui, comme ça, simplement, elle lui riait presque au nez. Et encore heureux qu’elle ne riait pas réellement parce que sinon, Pandora aurait très mal réagit, elle aurait été capable de tout foutre en l’air, verte de rage et tant pis si elle se faisait réprimander par la suite. Alors elle serait les poings, en même temps qu’elle se mordillait l’intérieur de la joue, pour se contenir, attendant que la voix de sa mère ne fasse de nouveau vibrer ses tympans.

Oh, mais n'en doutes pas, ma fille...
Je ne me suis jamais leurrée à ce sujet
Et jamais n'aurais-je seulement voulu acheter d'une quelconque affection


Oh. C’était donc ça que sa mère pensait d’elle ? Pour le coup, Pandora était vexée. Car, carrément sur la défensive, ce qu’elle comprenait dans l’immédiat, c’était que sa mère pensait d’elle qu’elle ne l’aimait pas. Pire, elle était désormais persuadée que la Dame Jenkins pensait que sa propre fille ne cherchait à attirer l’attention, à faire semblant de l’aimer, juste pour quelques gallions. L’espace d’un instant, Pandora fut tenter de rétorquer que non, l’affection ne s’achetait pas, sinon elle aurait sans doute acheté celle de sa mère. Elle fut aussi tenter d’être méchante, de lui dire qu’elle n’en voulait pas, de son affection. Mais elle était trop vexée et blessée dans son amour propre pour répondre quoi que ce soit. Au lieu de quoi elle serra les poings encore plus forts, sentant ses ongles commencer à percer la peau de la paume de ses mains. Elle serra la mâchoire si fort que ses dents s’entrechoquèrent, suite à quoi elle grimaça de douleur. Elle était blessée. Elle ne saurait même pas exprimer à quel point elle était blessée par le comportement de sa mère. Alors, en cet instant, elle prit la décision qu’il ne valait pas la peine de parler avec cette femme, car cette femme ne serait jamais sa mère. C’était une femme, une simple étrangère dans sa vie, mais jamais elle ne serait sa mère. Son statut était inchangé, mais la Mère Jenkins venait de blesser encore plus dans l’estime de sa fille. Bientôt, elle deviendrait aussi insignifiante à ses yeux qu’un vulgaire moucheron. A la différence près qu’un moucheron ne lui donnerait jamais envie de pleurer comme c’était le cas en cet instant. En espérant ne pas le montrer et en gardant la tête haute, la demoiselle Jenkins se redressa, avec la ferme intention de quitter la pièce. Elle ne serrait plus les poings, mais si Amaryllis y prêtait attention, elle verrait bien que les mains de sa fille tremblaient.

« Cette discussion n’a guère d’utilité puisque vous n’êtes pas disposée à écouter. Je vous prie de m’excuser, je vais me retirer dans ma chambre et vous laisser à vos occupations. Je m’excuse d’avoir été un tel fardeau pour vous et d’avoir abusé de votre précieux temps. N’ayez crainte, je pense que ça ne risque pas de se reproduire de sitôt. Je verrais avec papa pour ce qui est question des achats scolaires pour que vous n’ayez guère à vous en soucier. Je vous souhaites une excellente journée ».

Elle savait bien que parfois les mots pouvaient faire mal. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle avait tant insisté sur le mot « papa ». Elle n’avait jamais appelée sa mère maman. Jamais. C’était plus fort qu’elle, c’était une chose qu’elle n’arrivait tout simplement pas à faire puisque cette femme n’avait jamais rien fait dans sa vie qui justifiait cette appellation. Mais elle prenait toujours soin d’éviter de l’appeler ainsi sans pour autant la froisser. Mais là, elle lui avait fait du mal. Elle l’avait blessée. Elle avait joué avec sa patience et il était trop tard. Elle avait creusé la blessure de son cœur, qu’elle avait déjà si profondément entaillé. Et cette fois ci, il était peu certain que Pandora lui pardonne.

Même si le monde se met à tourner à l’envers.
Si chaque seconde me guette comme si c’était la dernière.
Même si mes larmes ne pourront jamais oublier.
D’une blessure à l’autre rien ne pourra m’arrêter.


Avant que sa mère n’ait le temps de répliquer encore une fois, elle sortit de la pièce en pressant le pas, claquant violemment la porte derrière elle. Ce n’est qu’une fois la porte fermée qu’elle laissa une larme orpheline rouler sur sa joue, signe de sa tristesse et de sa grande détresse. Mais elle se promit de ne pas en verser d’autres. Sa mère ne le méritait pas. Ce n’était qu’une créature insensible et cruelle. Elle se demandait même comment son père avait pu tomber amoureux d’elle. C’était vrai, ce qu’on disait. Que l’amour rend aveugle. Ou alors, il n’avait choisi cette femme que pour son physique, conscient qu’elle lui ferrait de beaux hérités. Ça devait être ça.

Qu’aurais-tu fais, à ma place ?

Pandora se dépêcha de grimper les escaliers pour rejoindre sa chambre. Dans le couloir, elle croisa son frère, mais quand il lui demanda ce qu’elle avait, elle se contenta de le repousser et de lui dire de foutre le camp. Dwayne savait très bien que si sa sœur était dans cet état, il valait mieux ne pas insister. Surement viendrait-il plus tard, quand elle serait apaisée. Ou alors, il attendrait que la colère soit retombée pour lui permettre de pleurer à chaudes larmes dans ses bras. Pandora entra dans sa chambre et referma la porte derrière elle. Et elle eut un choc immense. Malgré les larmes qui embrouillaient sa vue, elle ne pouvait pas louper la forme sur son lit. Enveloppé dans du papier kraft, c’était bel et bien un balai qui trônait fièrement sur la couverture rouge foncée. Intriguée, elle s’avança et entreprit de la déballer. Elle fut ravie de découvrir le tout nouveau balai nimbus entre ses mains. Mais passée la surprise, elle se demanda qui pouvait bien avoir déposé ceci dans sa chambre. Son frère ? Elle en doutait. Il lui en avait parlé ce matin, elle doutait donc qu’il soit suffisamment bête pour gâcher lui-même sa surprise. D’accord, il s’agissait de Dwayne, mais quand même. Quant à son père … Il était le genre qui n’appréciait pas trop qu’elle fasse du Quidditch. Il était fier d’elle et trouvait ça normal pour Dwayne, mais elle était sa petite fille, il avait peur qu’elle se fasse mal. Mais alors, qui cela pouvait-il bien être ? Elle constata alors qu’un mot accompagnait le cadeau.

" Puissent-ils vous permettre d'exploiter vos talents "

Elle reconnaissait sans mal l’écriture de sa chère mère. Décidemment, cette femme la surprendrait toujours. Ainsi donc, c’était elle qui lui avait offert ce cadeau. Elle n’en croyait pas ses yeux. Surtout après la discussion qu’elles venaient d’avoir. Pourquoi ne pas simplement lui avoir dit ? Ça aurait évité que Pandora ne s’énerve ainsi. Et puis … Pourquoi refusait-elle d’avoir le bon rôle, par moment ? Pourquoi refusait-elle de l’aimer et ensuite lui faisait-elle de si belles surprises ? Pourquoi rendait-elle les choses si compliquées, si bien qu’elle ne savait jamais quoi penser ? Compliqué ou pas, c’est bel et bien un immense sourire que ce cadeau arracha à sa fille. Elle ne voulait que son amour. C’était tout ce qu’elle souhaitait. Et elle savait que quelque part, ce présent était une façon bien particulière qu’avait sa mère de lui déclarer son amour.

Je n'attends pas de toi
Que tu sois la même
Je n'attends pas de toi
Que tu me comprennes
Mais seulement que tu m'aimes
Pour ce que je suis

Quand je doute
Quand je tombe
Et quand la route
Est trop longue
Quand parfois
Je ne suis pas
Ce que tu attends de moi

Que veux-tu
Qu'on y fasse
Qu'aurais-tu fait
A ma place ?

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